On dit que les voyages font grandir. J'y crois. Et j'y crois non seulement pour mon cheminement personnel Ă moi, mais aussi pour celui de mes minis. Elliot est petit, il ne rĂ©alise pas trop ce qui se passe en ce moment, en fait oui, mais pas autant que sa soeur. Lili est une petite fille très allumĂ©e. Attention Ă ce que tu dis Ă ses cĂ´tĂ©s, car elle emmagasine beaucoup d'information, mĂŞme le dos tournĂ© et les petites mains occupĂ©es Ă jouer (je l'ai encore une fois rĂ©alisĂ© lorsque tout sĂ©rieusement durant un souper cette semaine, elle me lance: "Maman! Tu ne me jetteras pas aux poubelles toi hein?" en rĂ©fĂ©rence Ă l'histoire horrible qui s’est dĂ©roulĂ©e il y a quelques jours au QuĂ©bec.). Elle capte des bouts de conversations, elle observe beaucoup, ressent les Ă©motions... Elle rĂ©flĂ©chit et ensuite (des fois quelques jours plus tard!) nous bombarde de questions. Son petit hamster roule Ă toute vitesse, je suis contente, c'est preuve d'intelligence!
Depuis que nous sommes en Allemagne, ça va de soi, nous sommes exposés davantage à l'histoire de la guerre, malheureusement pas très belle... Ça nous intéresse! On veut en apprendre davantage, on veut voir, ça nous touche. Des monuments commémoratifs il en a partout! Je pense à la maison d'Anne Frank et sa statue à Amsterdam, aux Stolpersteines (j'en parle ICI) un peu partout dans les rues, aux souliers du Danube...
En voyage, on s'amuse parfois à transformer la réalité pour être sûr de garder leur attention, leur intérêt... Il n'est pas rare que les châteaux que nous visitons abritent une des princesses de Disney, qu'une petite porte cache un monde de fées et que nous devons sauter par dessus les carrés noirs de la rue pour éviter de nous bruler les pieds! On rit, les enfants ont du plaisir et puis bon, ça aide à passer au travers les longues journées de visite et d'exploration.
Mais quand tu arrives devant un monument historique, quelque chose de triste et très Ă©motif, il est dur de se mettre Ă plaisanter. De toute façon, je ne voudrais pas. On se met Ă chercher les bons mots, on essaie d'adoucir un peu les faits et on lui raconte l'histoire... Ses rĂ©actions me laissent souvent sans mot. Je voudrais souvent la garder loin de ces histoires d'horreur aux fins tragiques, mais d'un autre cĂ´tĂ© je me dis qu’elle possède en ce moment une chance Ă©norme de pouvoir apprendre diffĂ©remment l'histoire de la guerre et de ses rĂ©percussions, bien au-delĂ des livres qu'elle Ă©tudiera Ă l'Ă©cole. Elle voit les monuments. Elle est lĂ oĂą ça s’est passĂ©. Elle ressent nos Ă©motions. Elle peut observer les rĂ©actions des gens, l'atmosphère qui règne...
Et il n'est pas seulement question de guerre, je pense à tous ces mendiants croisés dans les rues de Budapest et Prague, les genoux et le front au sol, les mains tendues dans le but d'avoir des sous de la part des passants. Je revois cette dame qui est venue s'assoir près de nous dans un restaurant pour manger les restants d'une assiette laissée sur la table voisine... Cet homme installé pour dormir en plein centre-ville: "Maman, le monsieur il fait du camping dans la rue?". Lili avait tellement de questions devant ces situations nouvelles. Nous y avons répondu de notre mieux. J'imagine que c'est ce qu'on appelle "saisir les opportunités" pour leur expliquer la vie et son côté un peu moins rose. Souvent les mots nous manque, mais devant le fait même, on n'a pas besoin de parler longtemps, elle comprend... Et elle se souvient.
Je suis certaine qu'elle grandit un petit peu chaque fois ma Lilou.
Je nous en souhaite encore plein d'autres des voyages qui font grandir... J'ai envie qu'il en aille plein d'autres!